Focus – Projet Transit de continuité des soins de 72 heures pour les ex-détenus

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Mise œuvre du projet de continuité des soins :

L’asbl TRANSIT est un centre d’accueil et d’hébergement de crise pour usagers de drogues ayant atteint la majorité. Les particularités du centre consistent en un accueil à « bas seuil  », sans conditions, gratuit et non médicalisé. Il n’y a donc aucun médecin dans notre équipe.

Il s’agit d’une volonté de la direction depuis 1995, depuis la création de l’institution.
Aucun traitement n’est initié chez nous. Cette particularité ne pose aucun problème dans le suivi ou l’accueil des patients en général, sauf en ce qui concerne l’accueil des détenus de moins de 3 ans, des prévenus et des condamnés qui ne passent pas devant le Tribunal d’Application des Peines (TAP) avant d’être libérés. Car ceux-ci arrivent à TRANSIT, en provenance de la prison, sans médication.

En 2011, à l’occasion des travaux entrepris lors du « groupe de travail santé » organisé par la CAAP (Concertation des Associations Actives en Prison), l’asbl TRANSIT a dressé un bilan négatif concernant l’accueil d’une catégorie spécifique du public issu de l’institution pénitentiaire. Du fait de cette problématique, l’équipe a mobilisé des moyens pour surmonter les obstacles identifiés.

Grâce aux collaborations apparues au sein du groupe de travail santé, plusieurs rencontrent entre le personnel infirmier de la prison de Forest, de Berkendael et de Saint-Gilles et des représentants de l’asbl Transit ont eu lieu.

Ces rencontres ayant été un franc succès, il a été convenu que sur base d’une meilleure passation d’informations par le biais d’attestations envoyées par fax entre nos services, nous puissions améliorer nos collaborations et faire en sorte que les détenus libérés de l’une de ces trois prisons et venant à Transit à leur sortie, puissent bénéficier de leur traitement pour 72 heures.
Il ne s’agit pas ici de prescription, mais bien de donner les comprimés du traitement en question à l’ex-détenu afin qu’il dispose de sa médication pour les premières 72 heures de sa libération, y compris la méthadone sous forme de sirop.

Cela est rendu possible suite à un entretien effectué par un travailleur de l’asbl Transit avec le détenu lors de sa détention. Lors de cet entretien, nous proposons au détenu, s’il est d’accord, de compléter un document type qui stipule qu’il marque son accord pour qu’on puisse communiquer auprès du service infirmier de sa médication. Ce document est signé par le détenu, et n’est en aucun cas obligatoire.

Le consentement de la personne est indispensable afin de ne pas transgresser le secret médical. Nous joignons donc à l’attestation de base qui indique que nous sommes d’accord d’accueillir cette personne à sa libération, le document signé par le détenu que nous faxons au service infirmier.
L’idée consiste à communiquer les informations médicales relatives au traitement suivi par le détenu au greffe et de les conserver dans son dossier afin qu’elles puissent être consultées lors de sa libération.

Avec cette indication au moment de la sortie, il est possible au personnel de la prison de faire le nécessaire pour que le détenu dispose de 72 heures dudit traitement. Depuis lors, nous accueillons les ex-détenus dans de meilleures conditions. Ceux-ci sont libérés des prisons bruxelloises avec leurs traitements pour 3 jours. Ce projet pilote fonctionne et garantit la continuité des soins des ex-détenus.

Conclusion :

Depuis mars 2012, le projet de continuité des soins tel que présenté ci-dessus est en place et fonctionnel au sein des trois prisons bruxelloises.
Nous constatons depuis maintenant trois ans que la majorité des détenu(e)s libérés d’une de ces prisons arrivent à l’asbl Transit avec leur traitement pour 3 jours si la libération a lieu le vendredi. Les collaborations entre l’asbl Transit et les services infirmiers sont bien en place.

S’ils sortent en semaine, les détenus reçoivent 24 heures de leur traitement.
C’est donc une réussite et nous estimons que depuis la mise en œuvre de ce projet, l’offre de service que nous proposons dans le cadre d’un accueil post-carcéral à l’asbl Transit est correctement en place, et ce surtout dans le respect du principe de continuité des soins.

Nous n’avons à ce jour constaté aucun problème de surconsommation du traitement délivré par la prison. Les traitements donnés ne sont pas détournés de leur usage et de leur bénéficiaire.

Nous arrivons aussi à faire en sorte que des détenus libérés d’autres prisons, puissent, via des contacts téléphoniques avec les services infirmiers concernés, disposer de 72 heures de traitement eux aussi pour venir à transit débuter un hébergement dans de bonnes conditions.

Au vu du succès de ce projet de continuité des soins, nous savons qu’il est possible d’améliorer les conditions de santé lors de la libération des détenus.

La question à se poser maintenant est de savoir comment étendre cette bonne pratique à l’ensemble des détenus libérés et ce partout en Belgique.

La question des soins de santé des détenus est loin d’être réglée, bien au contraire et à ce titre, d’autres actions sont en cours…

Pour plus d’information :

Kris Meurant de l’ASBL Transit

Une réflexion au sujet de « Focus – Projet Transit de continuité des soins de 72 heures pour les ex-détenus »

  1. Bonjour, la problématique des détenus libérés la veille d’un WE sans traitement se pose moins à Liège dans la mesure où l’accès à un traitement de substitution est toujours possible au centre start/mass, soit le jour même, soit le samedi matin (accès à une consultation médicale et au traitement de substitution). Néanmoins, il subsiste malheureusement toujours une absence de transmission d’infos quant au traitement suivi en prison. Le plus souvent cependant, le WE est l’occasion de « faire la fête » et les usagers libérés le vendredi arrivent au centre le lundi !
    Bien à vous !

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